
Baisse de la prise en charge de la formation 04/02/21
Le FIF-PL, fonds interprofessionnel de formation des professions libérales, réduit son enveloppe de prise en charge à cause de la crise sanitaire et de la ponction de 12% de sa collecte pour le CPF, alors que les demandes de formation ne baissent pas, voire augmentent en raison d’obligations légales dans certaines professions.
« En 2019, alors que l’annonce du contrôle de la formation obligatoire a fait exploser les demandes, les architectes avaient droit à 1400€ de formation financés dans l’année, avec un maximum de 350€ par jour, témoigne Bénédicte Kerssenbrock, responsable pédagogique chez Ilot Formation, organisme de formation dédié à cette profession.
L’année suivante, l’enveloppe est passée à 900€ par an et 300€ par jour. Cette
année, le FIF -PL l’a réduite à 750€ par an et 250€ par jour. La baisse est énorme ! » La responsable pédagogique s’alarme de ces baisses successives et y voit l’ombre de l’épidémie de Covid -19.
Mais les causes sont plus diverses. Philippe Denry, pharmacien et président du FIF -PL, explique que la baisse de la prise en charge de 1400€ à 900€ en 2019 est directement liée à l’augmentation des demandes de formation des architectes. En effet, les professions libérales peuvent choisir d’avoir accès ou non à la trésorerie du FIF -PL. Jusqu’à présent, les architectes n’y faisaient pas appel car ils se formaient peu.
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Baisse du forfait de 900€ à 750€ par an
Mais face à la hausse des demandes, les deux syndicats représentant la profession au sein du conseil de gestion du FIF -PL ont décidé de faire appel à la solidarité du fonds, ce qui leur permet de recevoir jusqu’à 150 % du montant de leur collecte en plus de celle-ci. Leur forfait de prise en charge est donc passé du plafond haut au plafond bas, rejoignant le niveau de prise en charge des autres professions ayant accès à la trésorerie (80% de celles représentées au FIF-PL), soit 900€ par an.
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La baisse du forfait de 900€ à 750€ entre 2020 et 2021 est multifactorielle. «Ce qui a impacté les finances du FIF-PL, c’est le compte personnel de formation, estime Michel Picon, agent d’assurance et président de l’UNA-PL, l’Union nationale des professions libérales. Le gouvernement a mis en œuvre le CPF en le faisant financer par les fonds de formation. Le FIF-PL s’est retrouvé avec une ponction de 12% par an de ses cotisations, avec la nécessité de redresser la barre sur les niveaux de prise en charge. » Une ponction de 9,3 M€ qui passe d’autant plus mal que les libéraux ont peu de chance de récupérer cet argent via leur CPF. « Les critères du CPF sont limités aux formations qualifiantes ou à certains thèmes comme les langues, alors que les formations ‘‘cœur de métier’’ ne sont pas accessibles via cet outil », déplore Philippe Denry.
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Retard dans le versement de la collecte
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Autre motif de baisse de la prise en charge en 2021 : l’incertitude sur la collecte, dans le cadre de la réforme du financement de la formation et de la crise du Covid-19. « Il n’y a pas de collecte pour 2021 car le Premier ministre a demandé de bloquer le prélèvement des cotisations Urssaf depuis novembre. La collecte de 70 % des professionnels libéraux est suspendue et nous sommes en train d’épuiser nos réserves, alerte le directeur général du FIF-PL Philippe Laloum. Comptablement parlant, on ne peut pas faire de miracles ! Heureusement, l’Acoss est prête à nous faire une avance sur collecte. »
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La baisse du niveau de prise en charge était donc nécessaire pour préserver l’équilibre du FIF-PL, dans un contexte de hausse des demandes de formation : 150 000 dossiers ont été engagés en 2020 contre 136 000 en 2019. Beaucoup de professions libérales ont en effet profité de la crise sanitaire pour se former à distance, non seulement en e-learning mais aussi en classe virtuelle dont le principe, validé dès mars 2020, a été reconduit pour 2021.