Le FIF-PL, fonds interprofessionnel de formation des professions libérales, réduit son enveloppe de prise en charge à cause de la crise sanitaire et de la ponction de 12% de sa collecte pour le CPF, alors que les demandes de formation ne baissent pas, voire augmentent en raison d’obligations légales dans certaines professions.
« En 2019, alors que l’annonce du contrôle de la formation obligatoire a fait exploser les demandes, les architectes avaient droit à 1400€ de formation financés dans l’année, avec un maximum de 350€ par jour, témoigne Bénédicte Kerssenbrock, responsable pédagogique chez Ilot Formation, organisme de formation dédié à cette profession.
L’année suivante, l’enveloppe est passée à 900€ par an et 300€ par jour. Cette
année, le FIF -PL l’a réduite à 750€ par an et 250€ par jour. La baisse est énorme ! » La responsable pédagogique s’alarme de ces baisses successives et y voit l’ombre de l’épidémie de Covid -19.
Mais les causes sont plus diverses. Philippe Denry, pharmacien et président du FIF -PL, explique que la baisse de la prise en charge de 1400€ à 900€ en 2019 est directement liée à l’augmentation des demandes de formation des architectes. En effet, les professions libérales peuvent choisir d’avoir accès ou non à la trésorerie du FIF -PL. Jusqu’à présent, les architectes n’y faisaient pas appel car ils se formaient peu.
Baisse du forfait de 900€ à 750€ par an
Mais face à la hausse des demandes, les deux syndicats représentant la profession au sein du conseil de gestion du FIF -PL ont décidé de faire appel à la solidarité du fonds, ce qui leur permet de recevoir jusqu’à 150 % du montant de leur collecte en plus de celle-ci. Leur forfait de prise en charge est donc passé du plafond haut au plafond bas, rejoignant le niveau de prise en charge des autres professions ayant accès à la trésorerie (80% de celles représentées au FIF-PL), soit 900€ par an.
La baisse du forfait de 900€ à 750€ entre 2020 et 2021 est multifactorielle. «Ce qui a impacté les finances du FIF-PL, c’est le compte personnel de formation, estime Michel Picon, agent d’assurance et président de l’UNA-PL, l’Union nationale des professions libérales. Le gouvernement a mis en œuvre le CPF en le faisant financer par les fonds de formation. Le FIF-PL s’est retrouvé avec une ponction de 12% par an de ses cotisations, avec la nécessité de redresser la barre sur les niveaux de prise en charge. » Une ponction de 9,3 M€ qui passe d’autant plus mal que les libéraux ont peu de chance de récupérer cet argent via leur CPF. « Les critères du CPF sont limités aux formations qualifiantes ou à certains thèmes comme les langues, alors que les formations ‘‘cœur de métier’’ ne sont pas accessibles via cet outil », déplore Philippe Denry.
Retard dans le versement de la collecte
Autre motif de baisse de la prise en charge en 2021 : l’incertitude sur la collecte, dans le cadre de la réforme du financement de la formation et de la crise du Covid-19. « Il n’y a pas de collecte pour 2021 car le Premier ministre a demandé de bloquer le prélèvement des cotisations Urssaf depuis novembre. La collecte de 70 % des professionnels libéraux est suspendue et nous sommes en train d’épuiser nos réserves, alerte le directeur général du FIF-PL Philippe Laloum. Comptablement parlant, on ne peut pas faire de miracles ! Heureusement, l’Acoss est prête à nous faire une avance sur collecte. »
La baisse du niveau de prise en charge était donc nécessaire pour préserver l’équilibre du FIF-PL, dans un contexte de hausse des demandes de formation : 150 000 dossiers ont été engagés en 2020 contre 136 000 en 2019. Beaucoup de professions libérales ont en effet profité de la crise sanitaire pour se former à distance, non seulement en e-learning mais aussi en classe virtuelle dont le principe, validé dès mars 2020, a été reconduit pour 2021.
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